Pourquoi il ne faut pas abuser de la boisson [PV Zero]

Peu de gens se baladaient dans cette partie de la ville à cette heure tardive. Le froid vent nocturne fouettait le manteau carmin de la jeune fille et ses jambes, que seuls recouvraient des bas noirs et une jupe écossaise qui dissimulait son anatomie jusque mi-cuisse. Cigarette aux lèvres, elle riait, cheminant aux côté d'un grand dadais au crâne rasé, fumant lui aussi, mais arborant un air plus sérieux.

La neige crissait sous les rangers de la punkette et les chaussures de ville du batteur, tandis que tous deux approchaient de l'académie. Le jeune homme écoutait en silence son amie parler avec enthousiasme du concert de ce soir, ravie que tout ce soit passé sans anicroche. On aurait tôt fait de supposer que les propos de l'adolescente le blasaient, mais il n'en était rien. En vérité, sa vie ne se résumait pas à la musique, bien que cela le passionnât : il gagnait sa vie en tant que yakuza. Il avait grandi au milieu des gangsters et c'était ainsi qu'il avait rencontré la chanteuse. Cette dernière étant l'héritière du clan, il veillait sur elle, s'assurant de sa sécurité ; après tout, Oyabun* s'était fait un certain nombre d'ennemis et l'on pouvait craindre que quelqu'un s'en prît à la fille chérie de celui-ci.

— On est déjà arrivés ! se lamenta Nana. On peut pas faire demi-tour et continuer à se promener ?

Pourquoi fallait-il qu'une si bonne soirée se terminât aussi tôt ? En réalité, il était tard, mais la brune avait perdu la notion du temps, l'alcool aidant. Lorsque le groupe était descendu de la scène du pub, on leur avait offert à boire et, bien entendu, ayant la gorge sèche, la jeune fille avait vite accepté la proposition.

— Tu veux pas qu'on aille chercher de quoi se rincer le gosier ?

— Je crois que tu as déjà assez picolé pour ce soir, objecta le chauve.

— Quel rabat-joie ! répondit la punkette avec une moue dépitée. J'ai bu que deux bières, c'est pas beaucoup !

— Tu oublies que c'étaient des pintes, rappela le gangster.

Ils parvinrent finalement au pied du mur d'enceinte de l'école, devant lequel se trouvait une benne à ordures. Le yakuza hissa la demoiselle dessus et celle-ci s'y accroupit pour que leurs visages soient à peu près à la même hauteur.

— Tu es sûre que ça va aller ? s'inquiéta l'homme en costume gris.

— Pourquoi ça irait pas ? sourit la chanteuse.

— J'en sais rien, tu pourrais tomber en escaladant le mur ou te faire choper par un surveillant, répliqua-t-il, non sans humour.

— T'en fais pas pour ça, j'ai l'habitude donc je risque pas de me faire mal ; et puis le système de surveillance est une vraie passoire. Décidément, tu te fais trop de mouron.

Elle se faufilait fréquemment en dehors de l'école le soir, que ce soit afin de répéter avec le groupe ou afin de chanter sur scène. Jusqu'à présent, elle n'avait croisé personne au départ ou au retour de ses escapades ; elle se montrait prudente à chaque fois et avait toujours réussi à éviter les chargés de discipline.

— Je devrais peut-être t'accompagner jusqu'au dortoir ? proposa Yasu.

— T'inquiète pas, je vais me débrouiller, je suis pas en sucre, rétorqua l'adolescente. Tu es trop sérieux, je te jure. Et puis, pour entrer dans l'académie, il faudrait que tu laisses ton flingue ici.

Le parrain lui-même n'y pénétrait jamais avec son arme ; le directeur ne lui avait jamais rien dit à ce sujet, toutefois Masaya ne souhaitait pas que le lycée de son enfant devînt le théâtre d'une fusillade provoquée par les gangsters du coin. Ainsi, il mettait un point d'honneur à ce qu'aucun de ses homme n'y entrât avec leur arsenal ; et dès qu'il s'agissait de sa progéniture, mieux valait ne pas éveiller son courroux.

— Bon, d'accord, Zero va bien en cours avec le sien, mais je crois qu'il s'en sert jamais, continua la brune.

Ayant grandi parmi les yakuza, elle savait distinguer les holsters dissimulés sous une veste. Lorsque celui qui en arborait laissait ses bras le long du corps, on pouvait discerner un discret décalage du bras qui planquait l'arme par rapport à l'autre membre ; le léger écartement du premier passait inaperçu pour un œil non averti, cependant la demoiselle avait depuis sa plus tendre enfance côtoyé des types armés.

— Hein ? s'étonna le jeune homme. Je croyais que ce genre de trucs était interdit dans les écoles. Et c'est qui ce Zero ?

— C'est un gars de ma classe et il fait aussi plus ou moins office de pion le soir.

Visiblement, Nana ne se rendait pas compte du danger et le batteur devrait discuter de cela avec Oyabun car si un élève amenait un revolver en classe, les camarades de ce dernier couraient un grave danger. La chanteuse avait beau être l'héritière du clan, elle ne savait manier aucune arme et se désintéressait de ces choses-là ; elle ne pourrait donc se défendre mieux que les autres lycéens.

Elle tendit la main vers son ami, sortant ce dernier de ses songes, et lui retira ses lunettes noires.

— Tu sais, à l'heure qu'il est, tu as plus besoin de ça. Il y a que la lumière des réverbères ici.

Le chauve reprit ses besicles et les remit sur son nez.

— T'occupe ! dit-il. Tu ferais mieux d'y aller, il faut que j'aille voir Oyabun.

— Pourquoi ?

La boisson lui tournant quelque peu la tête, elle avait parlé sans faire attention à ses propos. Aussi, même si elle n'avait jamais tenté de se rapprocher de l'argenté qu'elle venait de mentionner, elle n'imaginait aucunement que celui-ci fût dangereux. Après tout, s'il avait la gâchette facile, il aurait déjà pointé son pistolet sur quelqu'un ; or, cela ne s'était jamais produit, pour autant que la punkette le sût.

— À ton avis ? répondit Yasu.

La jeune fille poussa un soupir, comprenant qu'elle avait dit un mot de trop, et jeta son mégot sur le tapis blanc qui recouvrait la chaussée. Puis elle passa ses bras autour du yakuza et le serra contre elle un instant avant de se redresser.

— Bonne nuit, lui souhaita-t-elle avant de commencer à enjamber le mur d'enceinte.

Le sommet était glissant et, quelque peu étourdie par la bière, la demoiselle dégringola et atterrit de l'autre côté.

— Nana ! hurla le jeune homme de l'autre côté.

— Ça va, le rassura la jeune fille, d'une voix encore joviale. J'ai rien, tu peux y aller !

Elle était tombée sur quelque chose chaud et moelleux ; elle ignorait de quoi il s'agissait, mais elle avait eu de la chance. En se redressant, elle jeta un œil sur ce qui avait amorti sa chute et fut surprise de trouver le chargé de discipline.

— Ah Zero, je pensais pas te trouver là ! déclara-t-elle.

Elle n'était pas habitué à boire, par conséquent les effets de la boisson étaient flagrants. Heureusement, elle avait l'alcool joyeux et ce fut avec un large sourire qu'elle s'adressa à l'argenté. Cette rencontre inattendue lui causerait des problèmes, pourtant elle pensait actuellement à tout, sauf à cela ; bien que ses idées demeurassent claires, la bière lui avait fait oublier les risques qu'elle courait à sortir en pleine nuit.

Elle se releva et tendit la main à son camarade, sans s'inquiéter de la neige qui avait déjà trempé leurs vêtements.

— C'est gentil de m'avoir rattrapée. J'espère que tu t'es pas fait mal ?



* C'est ainsi que les yakuza appellent généralement leur parrain.

Nana ne fut qu'à moitié surprise de voir le jeune homme refuser son aide pour se relever. Néanmoins, elle soupira, quelque peu dépitée ; après tout, elle venait de faire un pas vers lui, mais comme à son habitude, il rejetait toute sympathie. En réalité, seule Yûki parvenait à s'approcher de lui sans qu'il la repoussât. La punkette n'avait jamais tenté de s'immiscer dans leur vie privée car elle ne se liait que peu à ses camarades, mais elle devinait que l'argenté aimait beaucoup l'autre chargée de discipline.

Pourtant, si son interlocuteur ne se montrait guère agréable actuellement, la fille de yakuza décida de ne pas le laisser saper sa bonne humeur. Aussi, sa réflexion ne manqua pas de la faire rire. Elle s'approcha de lui et lui pinça la joue avec une moue gâteuse, ainsi que le ferait une tante devant un adorable neveu.

— Tu as peur que j'ai une sale influence sur ta Yûki chérie ? C'est trop mignon, ironisa-t-elle.

La plupart des filles de la Day n'osaient approcher la brune, intimidées par elle et la trouvant mauvais genre avec ses tenues typées punk et son maquillage trop voyant. Personne ne le lui avait dit en face, mais la chanteuse n'était pas dupe et certaines rumeurs la concernant lui étaient parvenues. On racontait, entre autres, qu'elle sortait la nuit pour faire le trottoir et tournait parfois dans des pornos amateurs. Cela ne la touchait pas, ces filles n'étaient que des pimbêches superficielles ; en vérité, le seul ragot qui l'avait fait sortir de ses gonds avait été celui selon lequel elle se droguait. Il ne s'agissait que d'un mensonge, mais la saloperie évoquée avait eu certaines conséquences sur sa vie, bien que ce fût pas elle en avait consommé.

Si Zero avalait ces conneries, libre à lui, elle ne voyait pas pourquoi elle devrait se soucier de ce qu'il pensait d'elle.

— À moins que tu aies peur qu'elle me fasse des leçons de morale, mais j'en doute, vu que tu es déjà en train de m'en faire.

Il fallait plus que cet air autoritaire pour impressionner Nana ; le géniteur de celle-ci arborait fréquemment une expression similaire devant ses hommes.

— J'ai juste bu deux bières, déclara-t-elle, c'est pas assez pour que je sois complètement bourrée ; je suis juste pompette. Et puis, c'est pas la première fois que je rentre dans cet état.

La décision du jeune homme l'étonna. Lui, qui fuyait toute compagnie en dehors de celle de la fille du directeur, se montrait attentionné. Décidément, elle ne comprenait rien à ce garçon ! Elle avait cru jusque là qu'il haïssait la Terre entière, pourtant elle s'était de toute évidence trompée, ce qui éveilla quelque peu sa curiosité à son sujet.

— Tu sais, en général, le café aide pas vraiment à dormir, fit-elle remarquer.

Elle ne l'en suivit pas moins aux appartements de Kurosu et s'assit gentiment à table. Tout le monde dormait, vraisemblablement, car les deux adolescents ne croisèrent personne. Il n'y avait rien de surprenant à cela, étant donnée l'heure tardive.

— J'ai rien fait de mal, tu sais, annonça-t-elle. J'avais un concert de prévu et j'y suis allée ; ça s'appelle « la conscience professionnelle ». J'ai peut-être bu, mais pas au point de mettre la tête à l'envers ; je suis pas cruchasse à ce point. Et puis, attends, tu crois que je sors avec Yasu ?

Elle ne put retenir un fou rire à cette idée.

— Faut pas déconner, c'est comme mon frangin !

Elle mit quelques instants pour reprendre son calme et profita de ce que l'argenté posât le café sur la table pour attraper un pan de sa veste et glisser sa main libre à l'intérieur.

— Si je dois m'expliquer, d'accord, mais je crois que je suis pas la seule dans ce cas.

Elle saisit le revolver de son interlocuteur et l'extirpa de son holster afin de le lui mettre sous le nez.

— Je crois que ça, c'est pas très réglementaire non plus, dit-elle avec un sourire qui attestait que l'objet ne lui inspirait aucune peur – néanmoins, cela aurait été différent s'il l'avait pointé sur elle et si elle était certaine qu'il avait le cran de tirer sur autrui.

Elle ne put s'empêcher d'examiner brièvement l'objet ; des tas de pistolets étaient passés devant ses yeux et elle avait appris à reconnaître les différents modèles.

— « Bloody Rose », lut-elle sur le canon. J'ai jamais vu cette marque et j'en ai pas entendu parler non plus. C'est une fabrication artisanale ? Tout le monde peut pas se payer un truc comme ça.

Elle remit l'arme à sa place et lâcha son camarade, frôlant sa main au passage et dardant sur lui un regard inquisiteur, affichant un air calme. La tête lui tournait moins à présent, signe que les effets de l'alcool commençaient à s'estomper ; à moins que la conversation l'eût tout simplement détournée de ses pensées joviales.

Elle remarqua bientôt que l'adolescent ne semblait pas dans son assiette. Si la colère qui teintait le son de sa voix ne faisait pas grand mystère, la manière qu'il eut de se crisper indiquait un malaise physique, plus que psychologique.

Fronçant les sourcils, Nana se leva et s'approcha de lui.

— Ça va pas ? s'inquiéta-t-elle.

Elle tira une chaise et le fit asseoir. Elle n'avait jamais pris de cours de secourisme et ignorait donc ce qu'elle devait faire.

— Il faudrait peut-être appeler un médecin ? Ça t'arrive souvent, ce genre de crises ?

Comment pouvait-il penser qu'elle terminerait tranquillement son café, alors qu'il ne sentait mal et avait visiblement besoin d'aide ?

En bon chargé de discipline, le jeune homme promit à Nana qu'elle devrait s'expliquer devant le directeur. Toutefois, elle ne se laissa pas démonter.

— Et le règlement t'autorise à porter un flingue ? répliqua-t-elle, sceptique. Kurosu est sûrement au courant que la loi interdit ce genre de trucs, à quelques exceptions près ; et si il cautionne qu'un élève, un mineur donc, amène un revolver à l'école, il aura de gros problèmes. Alors, je suis pas la seule en tort, tu crois pas ?

Ayant grandi au sein d'un univers particulier, la demoiselle savait que la législation de son pays ne plaisantait pas avec les armes à feu et son père était hors-la-loi par le simple fait d'en posséder une. Par conséquent, si la punkette risquait le renvoi à cause de ses escapades nocturnes, elle assumerait ; néanmoins, si ses propres fautes ne seraient pas sans suite, pourquoi celles de son camarade ne donneraient-elles pas lieu à des sanctions ? Il avait beau être le protégé du directeur, celui-ci perdrait toute crédibilité en faisant deux poids, deux mesures.

— Me dis pas que tu as eu peur que je te tire dessus, j'ai même pas retiré le cran de sûreté.

Si elle ne pourrait jamais viser quelqu'un et presser la détente, elle avait cependant appris à utiliser un tel engin. Elle n'y avait jamais trouvé le moindre plaisir, ni montré de talent pour cela, mais son géniteur avait jugé pertinent de lui enseigner cela pour le jour où elle prendrait la tête du clan. Elle s'était simplement entraînée sur des cibles en carton et sa mère avait bataillé contre Masaya pour que ces leçons se terminassent rapidement. Ainsi, la chanteuse était une piètre gâchette, ce qui lui convenait parfaitement car devenir parrain ne l'intéressait nullement.

Elle soutint le regard de Zero, un sourire serein sur les lèvres. S'il pensait l'impressionner de cette manière, il se trompait lourdement. Le père de la brune se montrait bien plus intimidant, en particulier avec ses hommes, et elle n'avait jamais hésité à lui tenir tête. Aussi, elle avait évolué au milieu de gangsters, dont bon nombre avaient déjà occis quelqu'un de sang froid ; bien qu'elle fût assez protégée de cet aspect de la vie du clan, elle demeurait consciente que son père et certains des yakuza dont elle était le plus proche ne faisaient pas exception aux dures lois de ce métier.

— Waouh, tu me files les chocottes, j'en tremble comme une feuille ! ironisa-t-elle.

Elle rit en le voyant ranger son pistolet dans son pantalon. Avait-il peur qu'elle décidât de le lui dérober à nouveau ? Croyait-il vraiment que si cela s'avérait elle ne tenterait pas de le récupérer tout de même ? Après tout, les rumeurs qui couraient sur son compte coïncidaient avec l'idée de plonger la main sous le vêtement du jeune homme pour atteindre le Bloody Rose, et même davantage. S'il ne s'agissait que de ragots, l'adolescente avait néanmoins perdu sa virginité depuis quelque temps déjà et bien qu'elle ne couchât pas avec le premier venu, elle ne jouait pas les saintes-n'y-touchent.

— Et qu'est-ce que Aidô a à voir dans cette histoire ? interrogea-t-elle sans se départir son calme. Tu l'as peut-être invité ici, à moins que ce soit Yûki, mais tu m'as pas laissé le choix de te suivre ou non et tu m'as traînée pour que le directeur me punisse, à la base ; donc on peut pas vraiment dire que je sois une invitée.

Les effets de l'alcool se dissipant peu à peu, les risques encourus ne lui échappaient plus, pourtant elle s'amusait à faire enrager l'argenté ; celui-ci ne lui semblait pas convaincant, que ce soit afin de lui promettre une sanction exemplaire pour inffraction du règlement ou afin de la menacer. Ainsi, loin de se douter d'un quelconque réel danger, elle prenait un malin plaisir à retourner contre lui tout ce qu'il disait.

Pourtant, cela ne dura guère à cause du malaise de son interlocuteur. Elle ne s'était pas attendue à une réaction aussi vive, mais peut-être aurait-elle dû ? Elle avait visiblement poussé le bouchon trop loin, même s'il l'avait un peu cherché en lui servant un discours si peu pertinent au sujet des règles. Elle le suivit des yeux tandis qu'il quittait la pièce, réfléchissant à ce qui venait de se produire.

Elle se demandait l'origine de ce comportement violent. Certes, elle l'avait provoqué, pourtant les propos qu'elle avait tenus n'avaient pas appelé de réponse si cinglante ; d'autant plus que la fureur du garçon avait justement explosé au moment où elle se montrait aimable. Cela rappelait à la punkette d'autres événements qu'elle avait vécus avec une autre personne qu'elle avait souhaité aider. Zero avait-il, lui aussi, des problèmes de drogue ? Peut-être qu'il valait mieux laisser l'adolescent seul, elle en avait assez bavé avec les saloperies qu'ingurgitaient les autres.

Elle s'apprêtait à le faire, lorsqu'elle s'arrêta devant le seuil. Et si elle se fourrait le doigt dans l'œil ? Et s'il ne s'était pas réfugié dans la salle de bain pour planer, mais pour en finir ? Nana entendit bientôt la douche couler et un grand coup résonner ; cela signifiait qu'il ne se contentait pas de se laver.

Elle approcha de la pièce où se trouvait son camarade et tenta d'ouvrir. Il avait verrouillé, ce qui était prévisible. Alors, elle toqua, puis se disant qu'il ne la laisserait pas entrer, elle résolut de prendre les choses en main. Elle retourna à la cuisine et fouilla les tiroirs afin de dégoter le nécessaire. Elle fit ensuite demi-tour, munie d'un tourne-vis ; certaines portes de ce type peuvent être ouvertes de l'extérieur grâce à ce procédé.

La fille de yakuza utilisa l'outil, le glissant dans l'interstice de la serrure et parvint à ouvrir ; bien qu'au premier essai, elle eût dérapé et se fût égratigné l'avant bras, sans gravité, heureusement. Elle ignorait si l'argenté serait vêtu ou non, de toute façon la nudité masculine n'était plus un mystère pour elle et ce n'était pas le moment pour penser à cela. Elle pénétra dans la pièce, jetant l'outil au sol et s'approcha de son camarade, sans s'inquiéter le moins du monde du fluide vital qui perlait sur sa peau.

Sans se soucier de l'eau qui coulait et trempait ses vêtements, les collant contre son anatomie, elle s'accroupit face à lui et le saisit par le col.

— C'est pas en fuyant l'aide d'autrui que tu vas arranger tes problèmes, déclara-t-elle d'un ton sévère, digne de l'héritière d'un parrain. J'espère pour toi que tu te cames pas, parce que sinon ça va barder.

Elle refusait de revivre le calvaire qu'elle avait connu avec son ex-petit-ami. Elle avait fait tout son possible pour que ce dernier sortît la tête de l'eau et il lui avait tout renvoyé à la gueule en la trahissant ; c'était ainsi qu'elle avait compris qu'il préférait sa saloperie à tout le reste. Cependant, ce n'était pas sur lui que se portait l'attention de la brune en cet instant. L'état du chargé de discipline l'alarmait ; d'autant plus qu'elle remarqua soudain les marques de griffures sur son cou, à l'emplacement de son tatouage.

— Si tu veux te trancher la carotide, il y a plus efficace et moins douloureux.

Les mots étaient sortis de sa bouche avant qu'elle eût pu mûrir son propos. Si elle lui donnait des idées pour mettre fin à ses jours plus vite, il risquait de l'écouter. Décidément, elle pouvait se montrer vraiment idiote parfois !

— Laisse tomber ce que je viens de dire. Faut pas que tu te foutes en l'air ; si tu as des problèmes, il faut que tu te battes pour t'en tirer. C'est pas en restant les bras ballants que tu vas y arriver. Là, tout ce que tu fais, c'est t'enfoncer un peu plus.

Même si elle n'avait pas haussé le ton, sa voix ne manquait pas de sévérité. Après tout, elle savait d'expérience que la douceur ne conduisait que rarement les gens à réagir. Bien qu'elle ne souhaitât pas s'impliquer dans des histoires de drogue, comme elle l'avait fait par le passé, elle devait agir d'une manière ou d'une autre.

Si le jeune homme avait eu un malaise dans la cuisine, il semblait à présent dans un état second. Visiblement, Nana s'était trompée : il n'était pas entré dans cette pièce pour en finir avec cette vie. Dire qu'elle s'était inquiétée pour lui, alors qu'il se foutait en l'air à coup de saloperies achetées auprès d'un quelconque dealer ! Elle aurait mieux fait de le laisser patauger dans l'abîme où il s'enfonçait de son plein gré ! Elle voulut se redresser pour partir, mais les bras de l'argenté s'enroulèrent autour de sa taille, la retenant sur place et la pressant soudainement contre son corps. Elle dirigea sur son camarade un regard dur.

― Compte pas sur moi pour te consoler parce que la merde que tu t'es enfilée te donne le blues, l'avertit-elle d'un ton tranchant.

Elle en avait soupé de ces histoires avec Ren et ne souhaitait à aucun prix revivre cela. Elle avait essayé par tous les moyens qu'elle pouvait d'aider son ancien petit-ami à décrocher ; peine perdue, il n'avait fourni aucun effort pour s'en sortir. En retour, elle n'avait obtenu qu'une amère désillusion, le pire ayant été de comprendre qu'elle revêtait moins d'importance à ses yeux que sa dose quotidienne ; il s'était bien foutu de sa gueule ! Désormais, elle le haïssait bien qu'elle ne parvînt pas à oublier la passion qu'elle ressentait encore pour lui. Malgré cela, elle culpabilisait également car elle se doutait que les activités de son géniteur touchaient également ce marché ; une raison de plus pour refuser de prendre un jour la tête du clan.

Le visage inclément de la demoiselle se mua toutefois vite sous l'effet de la surprise. Elle constata avec stupeur que les  iris auparavant lavande de Zero se teintaient maintenant d'écarlate. Aucune substance n'engendrait de telles réactions, pour autant qu'elle le sût – et elle en avait appris un rayon avec son ex-amant sur le sujet. À moins qu'une nouvelle drogue n'eût été mise sur le marché depuis peu ? Quel produit le chargé de discipline avait-il donc ingurgité ou injecté dans ses veines  ?

La punkette ne bougea pas d'un pouce, trop soucieuse et éberluée par ce qu'elle voyait pour chercher à fuir. Ne devait-elle pas sortir de cette salle de bain en vitesse pour appeler du secours ? L'état du jeune homme n'avait rien de normal et elle ignorait comment l'expliquer. Cependant, elle obtint bientôt la réponse à sa question.

Un vampire ? Comment cela se pouvait-il ? Ces créatures de la nuit n'existaient que dans la fiction et ce garçon se baladait sans problème à la lumière du jour. Elle devait rêver. Ou bien l'alcool   lui causait des hallucinations. Pourtant, elle n'avait bu que deux bières ; cela ne suffisait pas pour qu'elle vît ces crocs s'approcher de son bras. Avait-on mis quelque chose dans son verre ? Non, Yasu veillait toujours au grain, il l'aurait remarqué et aurait empêché la brune de toucher à son verre avant d'infliger une sévère correction au coupable. La fille du parrain n'eut le temps de creuser davantage car un animal s'interposa entre elle et l'argenté, saisissant la manche de ce dernier.

― Arrête, lâche-le ! intima la chanteuse à la bête, craignant que celle-ci le blessât.

De là où elle était, la demoiselle ne parvenait à déterminer si son camarade avait été mordu ou non. Lorsque le canin desserra les dents et vint la rejoindre, elle fixa un instant l'adolescent, stupéfaite par la tournure des événements. Comment envisager que tout cela fût réel ? Néanmoins, lorsqu'elle promena ses doigts sur la fourrure de celui qui était intervenu en guise de remerciement, elle ne put nier la véracité de ce qui s'était produit.

Tandis qu'elle assimilait peu à peu les faits, elle ne détacha point ses prunelles de l'être surnaturel qui lui faisait face. À la place de la brune, certains auraient sûrement voulu révéler pareille découverte, toutefois il n'y avait rien d'excitant dans tout cela. Comment pouvait-on songer une seconde à faire le scoop avec ce que la jeune fille voyait en cet instant ? Il faudrait être dénué de tout sentiment humain pour cela.

Elle aurait sans doute dû trembler de frayeur, fuir loin de cet individu, crier pour appeler au secours. Pourtant, étrangement, elle ne ressentait aucune peur. Elle n'avait pas besoin d'entendre les mots de son vis-à-vis pour lire dans ses billes mauves toute la culpabilité qui l'assaillait. Comment avait-elle pu côtoyer le chargé de discipline depuis l'an dernier et ne remarquer que maintenant ce mal-être ? Sûrement parce qu'il s'isolait lui-même de ses camarades. Visiblement, il se considérait comme un danger pour autrui et la terreur engendrée par cette idée le dissuadait certainement de nouer de véritables liens ; sauf peut-être avec la fille du directeur, ce qui n'était pas étonnant car tous deux vivaient sous le même toit depuis longtemps.

― Je vais bien, j'ai rien, déclara Nana, toujours effarée. T'en fais pas.

Ce n'était pas tant d'apprendre que Zero était une créature sortie tout droit des légendes qui l'étonnait à ce point. Celui-ci lui apparaissait sous un jour nouveau, désormais. Le voile qui venait de se lever sur lui montrait à la demoiselle que tous deux se ressemblaient un peu, curieusement. Ils se jetaient la pierre pour ce dont ils n'avaient aucun contrôle ; lui à cause de sa nature, elle à cause de la corrélation entre la dépendance de Ren et les activités du clan dont elle serait amenée à prendre la tête. Si elle ignorait beaucoup de choses à propos du vampire, elle devinait la souffrance qui l'habitait et portait sa propre douleur en la dissimulant à la plupart des gens qui l'entouraient. Chacun faisait cavalier seul, ne se laissant que peu approcher.

― Merci, dit-elle en prenant le peignoir. Retourne-toi une minute.

Lorsqu'il s'exécuta, elle se déshabilla et mit ses vêtements trempés à sécher sur le porte-serviette qui faisait aussi office de chauffage. Kurosu et Yûki risquaient de s'imaginer des choses ; ils pouvaient penser ce qu'ils voudraient. La punkette ne pouvait garder ses habits mouillés sur le dos ; cela rendrait inutile celui que l'argenté venait de lui prêter. De plus, en retournant ainsi accoutrée au dortoir, elle attraperait froid ; la neige était tombée drue ces derniers jours et un manteau blanc attestait du froid mordant de l'extérieur.

La chanteuse était en train de nouer la ceinture du peignoir, quand les propos de son interlocuteur lui firent relever la tête. Elle termina de cacher convenablement sa nudité sous l'éponge du vêtement, puis s'approcha de lui, une serviette à la main. Elle se plaça face à lui et commença à essuyer doucement son visage, ancrant un regard empreint d'empathie au sien.

― Tu sais, c'est pas en me disant ça que tu vas me dissuader de plus essayer de te piquer ton flingue, souligna-t-elle. Déjà, même si je te connais pas bien, tout à l'heure j'avais peur que tu te colles une balle. Alors, maintenant que je vois ta détresse, je crois que c'est vraiment pas une bonne idée de te laisser cette arme.

Elle jeta un œil sur l'objet en question, sans tenter de le prendre ; pour cela, elle attendrait l'assentiment du chargé de discipline. Elle ne s'était pas souciée de l'eau qui les avait trempés plus tôt, toutefois à présent, la chemise blanche de l'adolescent laissait voir en transparence une musculature finement sculptée ; en d'autres circonstances, la jeune fille ne serait pas restée de marbre face à un spectacle si plaisant. Elle releva ses prunelles vers les siennes, scrutant sa réaction avant de continuer.

― Tu es peut-être un vampire, mais ça fait pas de toi quelqu'un de mauvais. Si c'était le cas, tu aurait déjà mordu plein de gens et tu culpabiliserais pas à ce point pour ce qui vient de se passer. Ce qui détermine qui tu es, c'est ce que tu penses et ce que tu fais ; or, tu m'as pas mordue et tu étais pas ton état normal il y a quelques minutes.

Un élan de compassion faisait naître en elle le désir de lui venir en aide, probablement parce qu'elle le comprenait mieux et parvenait donc  un peu à se mettre à sa place. Peut-être était-ce une manière de vouloir racheter les torts qu'elle s'attribuait, bien que la responsabilité ne fût sienne ? Cette idée semblait sûrement égoïste, néanmoins, la chanteuse n'avait jamais prétendu être parfaite et assumait ses défauts.

― Il faudra quand même que tu m'expliques comment tu fais pour que le directeur se doute de rien pour ce truc.

Celui-ci ne devait pas savoir que son protégé possédait un revolver ; il fallait être irresponsable pour ne pas interdire à une personne souffrant d'un tel mal-être de garder cela. Par conséquent, Kurosu n'était certainement pas au courant.

Le hunter ne comprit pas pourquoi Nana lui parlait de substances. Avait-elle imaginée qu’il pouvait être un de ces détraquer qui se droguait ? Si tel était le cas, elle se trompait lourdement car il était plutôt une de ces personnes qui ne comprenaient pas comment on pouvait choisir de ce détruire délibérément. Si lui-même avait eu le choix, il aurait voulu que cette morsure n’ait jamais eu lieu et alors il ne penserait pas qu’en finir avec lui-même serait un meilleur choix pour la survie d’autrui.
Mais pour l’heure, il devait reconnaître que son état n’était pas mieux que celui de ces gens puisqu’il ne parvenait pas à retenir ces envies de sang. Pourtant il luttait de toute ces forces mais c’était comme si quelque chose de fou avait pris possession de lui et qu’il ne pouvait plus rien.
Heureusement, d’un certain coter, Kuran était intervenu et l’avait empêché de morde sans quoi il aurait commis l’irréparable et jamais il ne-ce le serait pardonné.
Pourtant malgré les évènements il y a avait deux choses qu’il ne parvenait pas à comprendre. La première étant que Nana ne se soit pas enfuie en courant et la deuxième qu’elle ait  demandé à Kuran de le lâcher.
Au même temps elle ignorait qui était ce loup et cela valait peut-être mieux pour le moment, surtout que celui-ci s’en alla comme il était venu. Une bonne chose car Zero n’avait vraiment aucune envie d’écouter les commentaires de ce grand bruns aux aires arrogants de monsieur, je sais tout.

Une fois Kuran partit, l’attention de l’argenté ce reporta sur Nana afin de vérifier ces dires en ce qui concernait une éventuel blessure qu’il aurait pu lui infligée.
Heureusement ce ne fut pas le cas, cependant la seul et unique chose qu’il remarqua alors fut la presque nudité de la jeune brune. Une chose qui le rendit quelque peu mal à l’aise.
Bien sûr il avait déjà vu Yuki en sous-vêtements mais leurs rapports n’étaient pas identique et puis tous deux ce connaissait depuis l’enfance. Il n’y avait donc aucun sous-entendu sur ce point. Bien que cela n’aurait pas vraiment déplu à notre adolescent.
Quand à Nana, il la voyait comme une fille ou plutôt comme une demoiselle de sa classe et celle-ci avait plus de formes que Yuki, ce qui enlevait le moindre doute sur ce sujet. Au vu de ce qu’il voyait devant lui il ne pouvait bien sûr que confirmer. Il évita pourtant de faire allusion à cela et préféra rester neutre en lui donnant un pénoir. Après tout, il n’avait pas à la regardée car il été amoureux de Yuki.
Aussi lorsque Nana lui demanda de ce retourné, il le fit sans rien ajouter.

- Je ne suis pas suicidaire et puis je ne pense que ce soit à toi de me dire ou non si je dois en porter une. Non pas que ton avis me désintéresse mais simplement que tu n’es pas apte à te faire une opinion fondée car tu ne connais pas l’univers qui est le mien et encore moins ces enjeux.

Il soupira un instant avant de relever la tête d’un air miné

- Heureusement d’ailleurs, parce que le monde ce porterait mieux sans lui. En tout cas, tu n’as pas a t’inquiétée, je te rassure.

Il avait pris sur lui pour tenter d’expliquer les choses calmement. Ce qui n’était pas simple vu qu’il avait tendance é partit au quart de tour. Mais il devait reconnaître que Nana n’était pas méchante, juste ignorante sur le sujet et elle n’y pouvait rien.

- Tu as peut-être raison sur le fond seulement les choses me concernant vont changer à un moment donner. J’ai vu beaucoup d’humains dégénérer et perdre totalement le contrôle. Lors de leurs morts ils étaient soulager de ne plus vivre dans ce calvaire qui est de se noyer dans un abime de sang sans parvenir à ne voir autre chose.
Il y a quelques années, moi aussi je me bornais à penser comme toi en me disant que les faits peuvent changer, que tous les level e ne sont pas obligatoirement obligé d’en arriver là ou qu’il doit exister quelque chose pour arrêter ce processus. Et bien j’ai très vite déchanté en voyant Yagari perdre son œil pour me sauver. Me sauver car j’avais été trop faible d’esprit pour accepter la réalité de ce qu’il s’évertuait à me dire ; un humain qui devient un level e est mort de l’intérieur. Si tu respectes la personne qu’il a été, ton devoir est d’abréger ces souffrances et de sauver son âme.
Il avait raison, plus tard j’ai observé les level e à leurs mort et tous sans exception affichait un sourire de soulagement.
Je ne veux pas finir comme sa et je ne veux pas être la corvée d’une personne. Je ne veux pas faire douter ou culpabiliser. Si je perds le contrôle, je dois faire ce qui doit être fait. J’espère juste avoir le courage de le faire…..

Son regard ce perdit un instant car même si sa décision avait été prise depuis longtemps, quelque part son inconscient le poussait à tenter de survivre malgré tout.  Pour le moment, il ne ferait rien car il avait encore plus au moins le contrôle mais il ignorait la durée que cela pourrait avoir.

- Kaien est courant pour mon arme et il connait bien la problématique. Aussi je suis tenu de la portée au cas où je devrais défendre un élève de l’académie contre un vampire. Sans cette arme, je ne tiendrais pas forcement contre un aristocrate. Donc la question du port d’arme ne se pose même pas.

Il se leva et ouvrit la porte de la salle de bain pour sortir.

- Il est tard et demain nous avons cours.  Je vais te conduire à ma chambre pour que tu puisses dormir et je prendrais le canapé. En plus moi aussi je suis tremper et je voudrais me changé avant de tomber malade.

Sur ce, il engagea la marche pour aller jusqu’au dit endroit et défit la couverture du lit pour que Nana puisse s’y installée. Puis il ouvrit le placard pour en sortir des vêtements sec et sans réfléchir plus que cela, il commença à retirer ceux qui étaient mouillés.

Nana aurait bien pris son arme au jeune homme afin de s'assurer qu'il ne ferait pas de bêtise. Néanmoins, elle comprit qu'il ne la laisserait pas plus faire que toute à l'heure. Elle s'écarta de lui et se dirigea vers le lavabo, s'apercevant soudain que la pièce s'était vidée de l'un de ses occupants.

— Tiens, où est passé le chien ? pensa-t-elle tout haut. Son propriétaire doit le chercher partout.

Elle aurait bien veillé sur cette bête durant la nuit et se serait levée tôt pour la restituer à son maître. À présent que le canidé avait disparu, elle s'inquiéterait à son sujet. Cependant, elle ne pouvait sortir ainsi sans attraper froid ; donc elle n'avait d'autre choix que d'espérer qu'il retrouverait de lui-même le chemin de la maison.

— Tu as raison, admit la punkette. J'ai pas à te dire ce que tu dois faire et je connais rien à ton univers.

Tandis qu'elle parlait, elle cherchait de quoi se nettoyer le visage, mais ne trouva rien. Elle alluma le robinet, se résignant à se laver avec du savon. Cela ne suffirait pas à retirer tout le maquillage dont elle se barbouillait quotidiennement la frimousse, toutefois ainsi sa peau serait à peu près propre pour aller dormir.

— Pourtant, tu sais rien non plus du mien, continua-t-elle lorsqu'elle eut terminé.

Elle attrapa une serviette et s'essuya la figure avant de se tourner de nouveau vers le vampire.

— La plupart des gens clament que le milieu d'où je viens devrait pas exister. Ils en voient que le mauvais côté et ils se rendent pas compte que les types que je fréquente font aussi beaucoup de bien autour d'eux. C'est loin d'être des anges, j'avoue, mais ils aident ceux que les crétins bien-pensants ont laissé tomber ; et il y a pas qu'à eux qu'ils filent un coup de main.

Elle s'aperçut que ses propos risquaient de compromettre son accord avec le directeur et paniqua quelque peu à l'idée d'être renvoyée de l'école. Après tout, même si elle n'appréciait guère les autres élèves, l'académie bénéficiait d'un certain prestige et le lycée public de la ville était considéré comme un établissement de troisième zone. Certains hommes de son père avaient suivi des cours dans ce dernier et ils lui avaient conté qu'il s'agissait plus d'un endroit où l'on entassait les pseudos-caïds à deux sous qui pensaient que cogner les mènerait quelque part, que d'un lieu d'enseignement.

— Oublie ce que je viens de dire, tenta-t-elle de se rattraper.

Elle aspira plusieurs goulées d'air afin de se calmer. Si son émoi était trop évident, on l'éjecterait et aucune école digne de ce nom ne l'accepterait ensuite. Elle devait se ressaisir à tout prix. C'était entre autres pour cela qu'elle ne se mêlait que très peu aux autres étudiants : pour éviter ce genre de gaffes. Décidément, bien que le gros des effets de la bière se fût estompé, sa langue allait plus vite que sa tête.

Elle écouta la tirade de son camarade sans l'interrompre. Elle n'avait jamais eu vent des level-e, puisque les légendes n'en parlaient pas. Toutefois, l'argenté le lui expliqua et elle comprit qu'il sombrerait, lui aussi, vers cet état. Malgré qu'elle commençât à peine à le connaître, elle ne put s'empêcher de ressentir un élan d'empathie à son égard. Elle savait que si elle succédait à son géniteur, elle serait amenée à tuer. Pourtant, cela ne signifiait pas qu'elle était dénuée de pitié, ni qu'elle le serait un jour ; les valeurs des yakuza s'avèrent plus complexes et bien plus altruistes qu'il n'y paraît d'un point de vue extérieur.

La brune s'approcha de l'adolescent et saisit un pan de sa veste – elle aurait préféré le serrer dans ses bras, mais s'en abstint car il repousserait probablement cette étreinte. Ses iris noisette reflétaient sa compassion, néanmoins, et du ton qu'elle employa ne transparut que ce sentiment.

— Donc tu es décidé à te battre jusqu'au bout, devina-t-elle. Alors je t'aiderai du mieux que je peux ; j'ignore comment, cela dit je trouverai.

Inutile de nier que le milieu mafieux avait influencé la chanteuse ; tout comme les gangsters, elle s'attendrissait davantage devant les déboires de ceux que l'on considérait généralement comme des rebuts que devant ceux des gens dits « honnêtes ». Il fallait même croire qu'elle avait un faible pour les cas désespérés ; sinon comment interpréter qu'elle se fût amourachée de Ren et se fût ainsi démenée pour épauler celui-ci ?

— Tant que tu te fous pas de ma gueule, je te lâcherai pas.

Certes, on ne pouvait prétendre qu'elle s'était fait beaucoup d'amis ici, cependant grandir auprès du clan lui avait enseigné la loyauté et elle s'était toujours montrée bonne élève dans ce domaine. De même, lorsqu'on la trahissait, regagner sa confiance était ardu.

— Et va pas croire que je dis ça simplement par pitié. Si j'ai bien suivi, pour toi, achever les level-e, c'est une question d'honneur. Eh bien, soutenir les gars qui sont dans la merde et qui veulent s'en tirer, c'est pareil pour moi.

Passer son chemin, comme si elle n'avait rien vu équivaudrait à apporter la honte sur sa famille, chose que l'adolescente ne se pardonnerait pas. Elle ne se targuait pas d'être une sainte, bien au contraire. Toutefois, elle ne cracherait pas sur les préceptes qu'on lui avait inculqués depuis l'enfance. Si elle rejetait tout cela en abandonnant le chargé de discipline à son sort, comment pourrait-elle se regarder dans la glace sans être prise de nausée ?

Zero pouvait refuser qu'elle lui tendît la main autant qu'il le désirait, Nana était coriace ; elle était la digne fille de l'Oyabun. Peut-être existait-il un moyen de sauver le vampire ? Elle ferait des recherches sur le sujet, même si elle n'ignorait pas qu'elle risquait d'échouer. Aussi, à défaut de pouvoir pondre une solution toute trouvée, elle aiderait l'argenté à persévérer. Elle avait remarqué son mal-être toute à l'heure et pensait que s'il apprenait à aimer de nouveau la vie, il y puiserait possiblement la force qui lui ferait défaut par moment.

Le regard de la punkette mêlait sollicitude et détermination, tandis qu'elle l'ancrait à celui de son interlocuteur, scrutant sa réaction à la promesse qu'elle venait de faire. Elle ne prononçait pas ce genre de paroles à la légère et s'y tiendrait donc tant que son vis-à-vis ferait montre de bonne foi.

— Un aristocrate ? s'étonna-t-elle. L'aristocratie a été abolie au Japon depuis des années. Tu es pas en train de dire que tous les nobles du monde son des vampires, quand même ?

Elle ne savait rien de l'univers dans lequel il évoluait ; par conséquent, elle ne pouvait saisir son propos.

— T'inquiète pas, on peut partager le lit, déclara-t-elle en lui emboîtant le pas. On est pas des animaux ; c'est pas parce qu'on dort côté à côté que ça va forcément dégénérer.

Le priver du confort de la couche qu'il occupait habituellement pour ne lui laisser que le canapé embarrassait la demoiselle. Aussi, les sentiments de deux jeunes gens se tournaient vers quelqu'un d'autre ; alors, ils sauraient s'abstenir.

Une fois dans la chambre du garçon, elle s'installa sur le matelas, se serrant vers le mur afin qu'il restât assez de place pour celui-ci. Puis, elle pivota vers la cloison afin de ne pas voir sa nudité tandis qu'il se changeait.

— Tu aurais pu prévenir ou me demander de regarder ailleurs, fit-elle remarquer.

Non que le spectacle ne s'avérât point plaisant. En cet instant, elle avait à peine eu le temps d'apercevoir le dos de l'argenté ; néanmoins, à cause la transparence de sa chemise trempée, elle avait noté plus tôt que de face il était également agréable à contempler. Si la fille du parrain rejetait toute idée de retomber amoureuse, elle n'en était pas moins sensible aux charmes masculins. Pourtant, elle ne prévoyait aucunement de s'adonner aux plaisirs de la chair avec le chargé de discipline. Que lui importait que la nature l'eût gâté ?

L'héritière du clan se sentit soudain idiote de réfléchir à ces niaiseries. Toute personne sensée aurait fui depuis longtemps à sa place. Or, si elle ne regrettait pas une seconde de s'être comportée conformément aux valeurs qu'on lui avait transmises, elle était consciente qu'elle prenait un risque en proposant que lui et elle se couchassent dans le même lit. Cependant, elle n'escomptait pas retirer ce qu'elle avait dit. Après tout, puisqu'elle lui demandait sa confiance, autant se fier à lui ; et quel meilleur moyen de prouver qu'elle le faisait que de dormir à ses côtés ? Elle avait évolué au milieu des mafieux depuis sa plus tendre enfance et avait donc toujours été entourée d'hommes considérés comme dangereux, à juste raison. Sans doute était-ce pour cela qu'elle adoptait un cheminement aussi peu orthodoxe. Elle pouvait essayer de son mieux d'agir comme toutes les autres lycéennes, elle ne parvenait que difficilement à dissimuler sa véritable nature.

Si d'ordinaire elle demeurait sur la défensive à l'académie, ce soir elle avait baissé sa garde. Peut-être l'alcool y jouait-il un rôle ? À moins que ce ne fût à cause de ce qu'elle avait découvert au sujet de Zero ? Une chose semblait certaine, en tout cas : bien qu'elle n'oubliât pas qu'elle devait préserver son secret, dont seul Kurosu avait connaissance, elle percevait un lien ténu qui se nouait entre l'argenté et elle. Par conséquent, sans qu'elle y pensât, elle laissait transparaître qui elle était réellement.

Etrange idée que de qualifier ce vampire de chien même si son apparence pouvait le laisser présager.
Du moins, ce fut l’idée qui traversa les pensées de Zero lorsqu’il entendit Nana parler de Kuran comme d’un pauvre toutou qui aurait perdu son chemin.
La pauvre était loin de ce doutée de qui était ce mammifère aux canines acérées en réalité et lui ne pouvait le lui dire sans s’attirer des réprimandes de la part de Kaien par la suite.
Ce qui ne louperait pas quand ce dernier apprendrait qu’il avait été obligé de lui parler de l’existence des vampires.
Pourtant cette réprimande ne serait qu’un doux supplice face à l’humiliation qu’il subirait lorsque Kaname devrait effacer la mémoire de cette adolescente.

Une chose qu’il trouvait normal mais quelque peu dommage car au final elle n’avait pas eu peur de lui et pour la première fois depuis longtemps il se sentait à l’aise en face d’une personne qui se trouvait être hors de son cercle familial.
Malheureusement les règles étaient les règles et il ne pouvait s’y soustraire quand bien même il y voyait divers raisons de le faire.

- Ce n’est pas un chien perdu, il a l’habitude d’errer dans le coin et il retrouvera très rapidement sa place, ne t’inquiète pas pour lui.

Expliqua-t-il à Nana afin qu’elle ne s’inquiète pas inutilement pour ce qui n’avait pas lieu d’être.
Pourtant il comprit bien rapidement que la deuxième nature de la jeune femme semble être les causes dites perdues. Devait-il comprendre qu’il en faisait partie celons elle ? Sans doute vu la conclusion de son récit.
Pourtant il n’en dit rien tout comme il ne répondit sur rien en ce qui concernait le milieu duquel elle venait. Il n’avait pas à porter de jugement et même si il devait en porter un celui qu’il aurait alors à l’instant serait plutôt de prendre les choses sous une autre approche.

Il voyait une adolescente qui avait grandi dans un milieu ou les racailles affluaient et ou la loi n’avait aucune place car seul faisait fois ce que les Yakuza avaient décidé d’appliquer comme préceptes.
Ces hommes n’agissaient pas si différemment que les hunters ou la guilde à vrai dire mais cela n’était pas quelque chose de positif pour autant. Du moins pas pour une enfant, ce disait-il.
Nana malgré ce milieu avait su garder la tête froide et au lieu de se comporter comme une digne héritière de ces traditions familial, avait su trouver le bon coter des choses et oublier le mauvais. Elle voulait sauver ces hommes, les changer et les faire devenir mieux qu’ils ne l’avaient été jusqu’ici.
Une philosophie de vie bien utopiste certes mais en tous les cas elle touchait le hunter et l’ému malgré lui.
En l’observant ce démaquillée il avait finalement découvert une facette de la jeune fille qu’il ne soupçonnait pas.

- C’est gentil de te souciée de moi mais je te rassure, je suis un grand garçon et je peux me débrouiller seul. En plus si tu t’en mêle tu risques de t’attirer des ennuis plus que de me venir en aide.

Il posa doucement sa main sur les cheveux noir de la jeune fille et plongea son regard dans le sien sans la lâcher.

- Le mieux c’est que nous discutions simplement et que nous profitions un peu de la vie. Alors si tu veux vraiment m’aider, t’embête pas avec tous sa et contente toi d’être une amie. Des fois parler aide plus que d’agir.

Une fois arrivé dans la chambre, le hunter ce changea sans écouter les rallerie de Nana. Si ce qu’elle voyait ne lui plaisait pas elle n’avait qu’a pas regarder après tout. Il n’avait jamais été très pudique et ce n’est pas aujourd’hui qu’il changerait.
Surtout que leurs discutions d’avant l’intéressait d’avantage que des sottises concernant sa nudité transitoire.

- Les aristocrates n’ont rien à voir avec les nobles que tu connais. En fait il s’agit de vampire dont le pourcentage de sang humain est faible.
En fait tout en haut il y a les sangs purs dont le sang n’a jamais été mélangé à celui d’humain puis ensuite les aristocrates dont je t’ai parlé et que l’on nom aussi level B, les level C c’est des vampires qui ont la moitié de leurs sang humain et moitié sang pur. Ensuite il y a les level D qui sont des vampires autrefois humains et pour terminer les level e qui sont les humains devenu vampires et qui ont perdu leurs raisons et s’en prennent à tous ce qui bouge.
Bien sûr il y a encore beaucoup d’autres facteurs qui rentrent en ligne de compte et dont je ne t’ai pas fait d’explication mais je pense qu’on va en rester là pour aujourd’hui si non tu vas t’embrouillée.

Une fois en pyjama il s’approcha du lit ou était la jeune fille et vint s’y assoir pour mieux poursuivre leurs discutions.

- Si j’étais un garçon normal je t’aurais dit que partage un lit avec toi ne me dérange pas. Mais comme tu l’a sous-entendu toi-même les animaux ne peuvent pas toujours contrôler leurs pulsions et je partage ce vice avec eux. Je n’ai pas vraiment comme projet de passé ma nuit à retenir mes envies d’hémoglobines. Donc, on va couper la poire en deux. Je vais mettre un tatami sur le sol et y dormir et toi tu gardes le lit. Au moins de cette façon sa évitera les problèmes. Surtout que sans vouloir mettre le point ou il ne faut pas, au cas ou tu l’as oubliée tu es nue sous ton pénoire ce qui reviendrait a quelque chose d’indécent vu que nous ne sortons pas ensemble. Et je n’ai pas envi de donner raisons aux fausses rumeurs qui circules. Je pense que tu mérites de trouver la bonne personne et de partager ton lit avec lui quand vous l’aurez décidé ensemble et pas par obligation du à une situation spéciale.

Il se redressa un peu et vint déposer un baiser sur la joue de la brune avant d’aller installer le tatami sur le sol.

- n’oublie pas que la boisson sa n’aide pas à avoir les idées net sur le sujet, alors dors bien et fait de beau rêves.

Il éteignit la lumière et s’allongea dans l’obscurité essayant de ne pas penser à ce qui aurait pu ce passé si il avait succombé en acceptant de partager cette couche.
Une chose étrange puisque même avec Yuki il n’avait pas eu ce genre de peurs. Peut-être parce que pour lui elle était toujours l’enfant qu’il avait connu et même si il était sur de ces sentiments ceux-ci ne faisaient pas mention du coter sexuel.
Hors avec Nana, il avait l’impression d’avoir une vraie demoiselle en face de lui et son corps réagissait malgré lui et malgré le fait qu’il n’avait pas de sentiment amoureux vis-à-vis d’elle.
En fermant les yeux, il eut une vision du Ying et du Yang, les deux opposer et c’est un peu ce qu’il ressentait en ce moment même.
Si être vampire était difficile, être un homme dans une chambre avec une femme l’était tout au tend.

Nana ne s'était pas vraiment attendue à une telle réplique de la part de l'argenté. L'avait-elle déjà vu arborer une telle expression amusée ? Si cela s'avérait le cas, elle ne s'en souvenait pas. Malgré l'étonnement de la jeune fille, les lèvres de celle-ci se courbèrent en un sourire et une lueur espiègle teinta ses prunelles.

— Je crois surtout que ça dépend de l'appétit qui t'animerait ; or, une des possibilités implique que tu désires que je m'approche de cette partie de ton corps, signala-t-elle.

Sa mine se fit plus sérieuse, tandis qu'elle continuait sur un terrain moins réjouissant.

— Pour une envie de sang, j'avoue que ton argument tiendrait la route ; cela dit, si tu montes sur le lit, cela voudra dire que ta soif est trop forte pour que tu puisses la réprimer et que tu ne penses pas à grand-chose d'autre. Si tu culpabilisais pas à l'idée de mordre quelqu'un, tu aurais pas réagi comme ça dans la salle de bain.

Elle n'avait pas oublié son regard, ni le mot qu'il avait prononcé après avoir tenté plus tôt de s'abreuver à ses veines. Elle devinait sans peine que le mal-être qu'il éprouvait à cause de sa nature vampirique tenait à son dégoût devant la perspective de boire l'hémoglobine d'autrui.

— Je te l'ai déjà dit, déclara la punkette, il est pas question que je me soumette si on me force à faire ce que je veux pas. Donc oui, je taperai fort, si j'ai décidé de pas te laisser planter tes crocs dans ma chair.

Pour l'instant, elle ignorait encore ce qu'elle ferait s'il choisissait de percer sa peau à l'aide de ses canines. Elle venait à peine de découvrir que les vampires existaient bel et bien, et aurait le temps de réfléchir à la question de la morsure plus tard.

Elle rougit davantage lorsque le hunter fit allusion à son érection et elle n'essaya pas de nier ce qu'elle avait remarqué ; d'autant plus qu'à présent, ce fut au tour du précité de s'aventurer en terrain glissant, bien qu'il ne le sût pas encore. La brune baissa les yeux, évitant de les poser sur la protubérance de son interlocuteur.

— Il m'a trahie, murmura-t-elle. Alors, peu importe ce que je fais avec d'autres garçons, ça ne le concerne plus.

Elle ne se rappelait que trop ce matin où elle avait retrouvé Ren au lit avec une autre. La chanteuse se fichait de savoir qui était la garce qui avait couché avec son ancien amant – une fan de leur groupe amateur ou une élève de l'académie, sans doute – ; la fille de yakuza n'avait pas mémorisé le visage de la donzelle. En revanche, Nana se souvenait du flot d'émotions qui l'avait traversée à cet instant : incrédulité, douleur, rage. Elle avait sincèrement, éperdument aimé le guitariste ; elle avait fait son possible pour l'aider à sortir de l'emprise de la drogue, avait cru chacune de ses paroles, s'était offerte à lui. Et tout ce qu'elle en avait retiré était une plaie béante.

— Je le hais et je voudrais qu'il sorte de ma vie.

Pourtant, elle ne pouvait totalement couper les ponts avec lui car il possédait un talent incontestable avec son instrument. La musique se révélait l'unique lien qu'elle conservait avec son ex petit-ami et elle s'efforçait de l'ignorer lors des répétitions et des concerts. Elle secoua la tête afin de chasser le salopard de son esprit.

— Enfin, c'est vrai que si on couche ensemble, le but, c'est pas que tu le regrettes ensuite, concéda-t-elle à Zero.

Elle vomissait désormais l'idée de romantisme. Néanmoins, cela ne signifiait pas qu'elle avait choisi de demeurer chaste pour le restant de ses jours. Par conséquent, entretenir une liaison purement sexuelle, sans ambiguïté, sans belle promesse qui ne serait pas tenue, ne la dérangerait guère.

La brune se blottit dans les draps et l'odeur de l'argenté qui les gorgeait effaça bientôt toute pensée d'un autre jeune homme. Lorsqu'elle eut fermé les paupières, ce parfum dévoila son aspect envoûtant, rappelant à la demoiselle des visions furtives de la soirée ; le torse savamment sculpté du hunter qu'elle avait d'abord pu entrevoir à travers sa chemise trempée, son dos dénudé, son membre dressé sous les étoffes. Peut-être était-ce dû au manque de contact charnel ou à la conscience du désir de l'adonis ; quoi qu'il en fût, l'imagination de la punkette ne tarda guère à s'emballer, la tourmentant quelque peu.

Elle s'agitait sur le matelas, cherchant le sommeil, tandis que les lubriques rêveries l'assaillaient, éveillées en partie par la fragrance masculine qui baignait les étoffes où elle était lovée. La demoiselle éprouva l'envie de sentir cet effluve à sa source, plutôt que via les couvertures. La peau du vampire semblait douce au toucher et Nana y aurait volontiers promener ses lèvres avant de s'emparer de celles du chargé de discipline. Elle se voyait griffer le dos de celui-ci, tandis que ses jambes s'enrouleraient autour des hanches qui se poseraient entre elles. Puis, la virilité de l'adolescent qui se presserait contre l'antre de sa féminité et les crocs qui perceraient sa chair lorsque l'extase les emporteraient tous deux.

La jeune fille ne s'était jamais offerte au premier venu, ce n'était pas son genre, et elle n'était aucunement masochiste. Pourtant, il se révélait difficile de faire abstraction du désir et des visions qui la tenaillaient, ainsi que de l'humide chaleur qui l'envahissait et imprégnerait certainement le peignoir et les draps d'une discrète odeur. La punkette ne parvenait pas à s'endormir et les pans du vêtement qu'elle portait s'étaient entrouverts à cause des mouvements qu'elle avait effectués. Comment Morphée pouvait-il la clamer comme sienne en cet instant, alors que son corps et son esprit se trouvaient sous l'envoûtement de l'adonis qui devait dormir sur le tatami ?

La chanteuse envisagea une seconde de soulager cette envie, mais renonça immédiatement. Cela aurait été indécent, d'autant plus qu'elle n'était pas seule dans la pièce et il risquerait d'ouïr ses vocalises ; nul doute qu'il se vexerait de ce manque de savoir-vivre. Sans qu'elle en prît conscience, ses doigts glissaient sur son ventre, sans s'aventurer sur la partie de son corps qui quémandait de l'attention, toutefois. Elle se demandait si elle arriverait à se comporter normalement devant l'argenté le lendemain, sans éprouver de gêne en repensant aux fantasmes qui la hantaient à présent. Probablement ; après tout, son état actuel ne devait être que passager et l'éphèbe ne se serait aucunement aperçu de son émoi. Puis, elle se rappela soudain la nature du hunter ; ses sens se révélaient sûrement bien plus affûtés que ceux d'un humain. Par conséquent, il sentait certainement le désir de la demoiselle et ce dernier se mêlerait au parfum qui enveloppait déjà les draps. À cela, le feu monta de nouveau aux joues de l'adolescente. Elle devait se calmer et vite.

Elle perçut les gémissements de Zero, ne manquant de repérer leur accent érotique. Était-il en train de se caresser ? Elle le visualisa un bref instant, la main parcourant son phallus, et secoua vivement la tête. Son imagination la travaillait trop ; depuis quand était-elle si perverse ? Les idées lubriques qui lui traversaient l'esprit depuis tout à l'heure avaient embrumé son esprit et elle se fourvoyait. Si elle ne pouvait nier que les éclats de voix que le vampire avait laissé échapper ne l'aidaient pas à chasser ses récents songes, elle devait tenir compte des autres possibilités. Peut-être avait-il fait un cauchemar ? À moins que ses instincts de buveur de sang le tourmentassent ?

Se penchant au bord du lit, Nana chercha à tâtons le contact du jeune homme, effleurant involontairement son torse avant que ses doigts n'atteignissent son visage. Elle dirigea ses iris noisettes vers lui, malgré qu'elle n'y vît guère dans l'obscurité. Lui possédait probablement une meilleure perception dans les ténèbres environnantes et pouvait sans doute distinguer son teint rosi, ainsi que sa peau en partie dénudée – si ses pommes de Vénus demeuraient dissimulées, on pouvait discerner la zone située entre les deux.

— Ça va ? chuchota-t-elle.

Nana ne répondit pas. Elle avait déjà dit au guitariste ce qu'elle avait sur le cœur, le jour où elle l'avait trouvé au lit avec une autre. Que pouvait-elle ajouter ? Et quelle réponse pouvait-elle espérer ? De toute façon, elle ne croirait pas les propos du brun. Tous deux ne s'adressaient plus la parole que dans le cadre du groupe ; la musique était désormais le seul domaine dans lequel la jeune fille se fiait à son ancien petit-ami.

— On ferait bien de dormir, sinon on se réveillera pas à l'heure pour aller en cours, éluda-t-elle la question de l'argenté.

Elle s'allongea sur le lit et sourit aux paroles du chargé de discipline avant de fermer les yeux. Inutile de nier qu'elle désirait celui-ci ; les érotiques songes qui occupèrent bientôt son esprit et la chaude moiteur de son intimité en attestaient éloquemment. Aussi, les légers éclats de voix que le hunter produisit ensuite n'aidèrent aucunement à oublier cet émoi. Néanmoins, la punkette décida de vérifier si Zero allait bien, afin d'être certaine que ce n'était point une sanglante soif qui était l'origine des gémissements de celui-ci. Elle s'exécuta, notant au passage que la peau de l'argenté était douce ; elle avait envie de promener plus longuement ses doigts sur le corps de l'adonis, mais s'en abstiendrait tant qu'il ne manifestait pas son assentiment.

La réponse de celui-ci ne se fit point attendre : il attira Nana à lui et leurs bassins se frôlèrent. La demoiselle frémit à ce contact et commença instinctivement à onduler ses hanches. Leurs corps se réclamaient l'un l'autre, impérieusement, et la brune ne tenta pas de lutter ; surtout que les paroles du jeune homme invitaient sans équivoque à la luxure. Ainsi, tous deux n'avaient qu'une envie : s'abandonner au plaisir de cette délicieuse pulsion.

— Si c'est un rêve, alors nous faisons le même, murmura la punkette. Et moi non plus, j'ai pas l'intention de revenir à la réalité.

Elle sentit un exquis frisson la parcourir, tandis que les mains du vampire s'attardaient sur elle. Elle avait cédé à la tentation d'effleurer le dos de l'éphèbe et répondit avec tendresse au baiser de celui-ci, entreprenant de caresser sa nuque.

— J'ai envie de partager cet instant de douceur avec toi.

La main qui frôlait le dos du chargé de discipline se promena sur sa peau, explorant son torse finement sculpté. La chaleur de l'adonis enfiévrait la demoiselle, de même que ses attouchements et le contact de leurs bassins. Lorsque la chanteuse se tut, elle s'empara plus longuement des lèvres de son partenaire, glissant délicatement sa langue contre la sienne. Elle n'avait pas éprouvé un tel bien-être depuis longtemps et avait envie qu'il en fût de même pour Zero ; la tête qu'il avait faite plus tôt n'avait manqué de fendre le cœur de la jeune fille. Ainsi, brûlait-elle d'autant plus de prodiguer tendresse et plaisir au hunter, de lui offrir un petit coin de paradis.

Le souffle haché, Nana frissonna sous les caresses de l'argenté et, continuant de se mouvoir sur lui, elle entreprit d'embrasser délicatement son cou. Son parfum, la saveur de sa peau, ses doigts qui l'effleuraient avec plus d'audace, sa turgescence qui se frottait délicieusement contre sa féminité ; son envie de lui grandissait à chaque seconde. Alors, elle cessa brièvement ses attouchements sur l'éphèbe, ouvrit entièrement le peignoir et le fit glisser lentement le long de ses bras.

À présent, totalement nue et offerte, elle posa doucement la main sur la joue de son amant, plongeant son regard dans le sien – bien qu'elle n'y vît que peu dans l'obscurité de la chambre, ses yeux s'accoutumaient peu à peu. Puis, avec tendresse, elle s'empara des lèvres du jeune homme.